Faire entendre sa voix là où tout se décide : le regard d’Hermeline
- Clément TETU
- 23 déc. 2024
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : il y a 24 heures

Quand les femmes sont nombreuses, mais pas là où se prennent les décisions
Dans beaucoup d’entreprises, les femmes sont souvent majoritaires… sauf là où se prennent les décisions. Ce paradoxe, Hermeline Michau l’a observé, vécu, et analysé. Et elle en tire une conviction forte : les freins à l’accession des femmes aux postes à responsabilités ne relèvent pas d’un manque de compétence, mais d’un ensemble de blocages culturels, sociaux et profondément intériorisés.
Ce n’est pas tant une question de volonté que de projection. Quand les instances dirigeantes restent majoritairement masculines, même dans des secteurs très féminisés, il devient difficile pour les femmes de s’y voir. Le pouvoir reste associé à un certain profil, à une certaine posture, et à des fonctions — finances, stratégie, technique — où les femmes sont encore trop peu présentes.
« Ce n’est pas qu’on ne veut pas y aller. C’est qu’on ne se projette pas dans des espaces où personne ne nous ressemble. »
Le doute comme héritage culturel
À cela s’ajoute un facteur plus insidieux : le sentiment d’illégitimité. Le doute s’installe tôt, souvent renforcé par le manque de rôles modèles accessibles et par une éducation — y compris professionnelle — encore très genrée. Résultat : beaucoup de femmes n’osent pas postuler, demander ou prétendre à des fonctions à plus haute responsabilité, même lorsqu’elles en ont les capacités.
Hermeline en parle avec lucidité. Si elle a choisi le marketing, c’est aussi parce qu’elle y voyait des femmes réussir. Elle ne s’est pas tournée vers des fonctions plus techniques ou financières, non pas par manque d’intérêt ou de compétence, mais parce qu’elle ne s’y voyait tout simplement pas. Ces biais-là ne sont pas visibles, et c’est précisément ce qui les rend puissants.
« Mes choix ont été orientés, sans que je m’en rende compte. C’est ce qui rend ces biais si puissants : ils sont invisibles. »
Passer des discours aux actes
Aujourd’hui, Hermeline appelle les entreprises à dépasser les déclarations d’intention. L’égalité ne doit pas être portée uniquement par les RH ou la RSE. Elle doit devenir une priorité stratégique, suivie dans les faits, à travers des engagements clairs, des objectifs mesurables, des politiques concrètes. Tant que les femmes seront cantonnées à certains types de fonctions, tant qu’on ne verra pas de diversité dans les comités de direction, le système ne pourra pas véritablement évoluer.
Elle insiste également sur la nécessité de rendre visibles des rôles modèles féminins, incarnés, accessibles. Des femmes qui réussissent tout en restant elles-mêmes. Des femmes qui montrent qu’il est possible de prendre des responsabilités, sans renier ses équilibres de vie ou ses convictions.
Oser prendre sa place
À celles qui hésitent encore à se lancer, Hermeline adresse un message simple, mais essentiel. Ne pas attendre qu’on vienne vous chercher. Oser. Se donner la permission d’essayer. Construire un réseau de soutien. Et ne pas se censurer avant même d’avoir essayé.
« Se sentir légitime, ça s’apprend. Mais ça commence par s’autoriser. »
Ce témoignage confirme ce que Women Special Forces observe dans de nombreux échanges : les femmes ne manquent pas d’ambition, elles manquent d’un environnement qui légitime leur présence là où les décisions se prennent. Et il est temps que cela change.
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